J’ai fait la connaissance d’Apollinaire il y a huit ans. Ses enfants souhaitaient que je recueille le récit de son histoire. Je l’ai retrouvé au buffet de la gare, un peu essoufflée, avec une minute de retard. J’ai croisé son regard, il m’attendait. Ouf. Je me suis demandé comment il percevait cette arrivée juste après l’heure, quelle était sa relation au temps, à lui le Rwandais établi en Suisse depuis longtemps.
Cette première rencontre avait pour but de m’assurer qu’il était partant, de voir si nous pourrions nous entendre pour nous lancer ensemble dans ce projet. Je lui ai expliqué la démarche de recueil de récits de vie ; le fait que nous serions deux, dans cette histoire, que j’allais lui tendre un miroir. « C’est comme deux yeux en plus qui regardent ! », a si bien résumé Apollinaire.
Apollinaire m’a raconté sa vie avec simplicité et authenticité. J’ai ri parfois, pleuré, aussi, de retour chez moi, en réécoutant certains pans de son histoire. Et j’ai appris beaucoup, par contraste avec la mienne.
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Les étapes de ce livre ont suivi un calendrier inhabituel, ponctué de temps de jachère. Et, le 2 décembre 2018, alors que nous touchions au but, Apollinaire a discrètement tiré sa révérence. Avec l’hiver, le livre est entré dans un nouveau temps de repos. Les mois qui ont passé ont permis au récit de se bonifier, de s’ajuster encore un peu, de se doter d’une nouvelle couverture qui lui aurait plu, c’est sûr : un magnifique portrait signé Olivier Zappelli.
Et puis, huit ans après notre première rencontre, à l’initiative de l’association Urumuri, a eu lieu un vernissage inattendu. Alors que le livre était initialement destiné uniquement aux proches et aux amis, j’en ai lu quelques extraits devant un public élargi. La date proposée par l’association pour cette rencontre ? Le 2 décembre, il y a quelques jours. Tiens donc, joli clin d’œil. Le vernissage s'est fait hommage.
Quatrième de couverture :
"Ce récit, c’est un peu : « Viens manger ce soir, je te présenterai un ami. »
L’ami en question est formidable. En quelques pages, il devient un ami d’enfance.
Aucune émission de télé, aucun film, aucun roman n’ont su me dire comme ce récit que l’Africain était mon frère.
J’ai beaucoup lu sur le Rwanda. Avant ce soir, je n’y étais jamais allé. C’est fait. C’est fou ce qu’on peut voyager à l’intérieur d’un homme.
Ce fut un plaisir et un honneur d’être du vol inaugural d’Air-Apollinaire.
André Lavoie, poète québécois"
décembre 2022