(Hommage à Pierre Huwiler)
Nord Finistère, 22 décembre 2019, à quelques pas de l’océan.
Dans la nuit qui tombe vite à cette saison, je viens de passer le pas de la porte de la maison de pierre. Autour, le vent balaie, souffle et nettoie tout sur son passage avec vigueur. Le message arrive discrètement : « Pierre nous a quittés, comme une bougie qui s’éteint. » Les fenêtres et la toiture de bois craquent un peu plus fort. Je m’assieds, laisse monter la tristesse. Je perçois les larmes qui coulent et l’espace, au centre, qui regarde. Comme la maison et ses lumières dans la tempête.
Trois semaines plus tôt, à Domdidier, Pierre était encore debout. Très fragile et fatigué, oui, mais debout, pour nous offrir un ultime concert autour de ses deux recueils de chants pour enfants. Dans la salle, l’émotion était palpable. Ce soir-là, je lui ai dit « au revoir ». Pouvoir dire « au revoir » à quelqu’un avec la conscience du départ imminent est une chance. Je l’en ai remercié intérieurement. Depuis son départ, les souvenirs communs ont refait surface avec plus d’acuité.